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07/02/2017

Systèmes de stockage d'électricité solaire : les solutions se multiplient

Avec l'arrivée prochaine du texte sur l'autoconsommation, les entreprises se placent sur ce marché qui doit exploser dans les prochaines années. Pour faire face à Tesla et à son Powerwall, des industriels européens fourbissent leurs armes, à l'image de Terreal ou de Solarwatt.

Les Français ont hâte de pouvoir consommer leur propre électricité, produite sur leur toiture. A en croire les sondages réalisés par OpinionWay pour Qualit'EnR ou Enerplan, 78 % des personnes interrogées souhaitent couvrir leurs besoins énergétiques par leurs propres moyens et 47 % d'entre elles sont prêtes à investir pour parvenir à l'autonomie totale (15 %) ou à un certain degré d'autonomie (32 %). André Joffre, président de Qualit'EnR, déclarait, voilà quelques jours : "L'autoconsommation est en cours d'examen au Sénat et à l'Assemblée nationale. On aura enfin un cadre juridique qui sortira ce statut du no man's land juridique où il se trouve". Une tendance forte qui entraîne un développement rapide de solutions de stockage domestique d'électricité.

Plusieurs industriels ont présenté, en 2015 et 2016, des systèmes destinés à pouvoir consommer en soirée, l'électricité photovoltaïque produite en journée. L'annonce de Tesla et de son Powerwall avait fait grand bruit. L'industriel américain propose aujourd'hui la version 2 de ce produit au design sobre et élégant, d'une capacité unitaire de 14 kWh (deux fois plus que la version 1), contre un chèque de 6.300 € (plus 1.650 € de pose). Un tarif finalement équivalent à ceux des solutions concurrentes, dont celle développée en Allemagne par Solarwatt : MyReserve.

Sylvia Lamaty, la directrice générale de Solarwatt France, détaille : "Cette unité de stockage électrique a bénéficié de la R&D interne, faite près de Cologne, pour développer le système de batterie". La technologie choisie ? Des modules lithium-ion, comme pour ses concurrents. En France, la société a déjà installé une dizaine de systèmes pilotes dans différentes régions (Dijon, Clermont-Ferrand, Toulouse, etc.) d'une capacité de 4,4 kWh, suffisant pour stocker l'énergie produite par des capteurs solaires de 3 kWc (soit 16 à 20 m² de panneaux). "L'objectif est de maximiser sa consommation d'électricité photovoltaïque produite", précise-t-elle. Pour y parvenir, le spécialiste allemand met l'accent sur le système de gestion, un composant critique dans le cas des batteries lithium-ion. "Il faut bien maîtriser cette technologie car c'est important pour la sécurité d'un équipement qui va finir chez les particuliers", souligne la directrice générale. De même, l'interface avec l'utilisateur final est comprise dans l'offre, apportant un outil de pilotage à distance (via smartphone ou tablette) ainsi qu'un outil de visualisation de la production, de la courbe de charge des batteries et de la consommation. La marque allemande promet un taux de couverture des consommations de l'ordre de 80 %, pour les installations les plus optimisées. "Sur des besoins électriques moyens de 4.500 kWh/an pour un ménage de quatre personnes, il sera possible de couvrir 3.800 kWh", avance Solarwatt.

Des systèmes aux capacités très variées


"Le modèle MR 500 est facilement installé, puisqu'une personne suffit avec une journée de travail au maximum", assure Sylvia Lamaty. Le boîtier, lui aussi design, mesure 1 mètre de haut sur 75 cm de large et 31 cm de profondeur, pour un poids total de 75 kg. Des chiffres supérieurs à ceux d'une autre solution de stockage, celle développée par Terreal, Storelio, dont le système tient dans un bloc de 60 cm de haut, par 53 cm de large et 28,4 cm de profondeur pour 55 à 65 kg de masse. Mais pour une bonne raison : les capacités sont, elles aussi, inférieures. Deux modèles sont ici proposés, la série 1000, d'une capacité de stockage de 1 kWh (pour une puissance photovoltaïque recommandée de seulement 1,5 kWc) ou de 2 kWh (pour 2,25 kWc de puissance PV). La société Terreal explique que le coffret mural compact contient tous les composants, pré-raccordés et pré-programmés en usine, et que la batterie lithium-FePO4, "couvrira en moyenne 50 % des besoins en électricité d'un foyer de quatre personnes".


Le tout est donc de bien dimensionner le système, selon la puissance de son installation en toiture et selon ses besoins en courant électrique. La directrice générale de Solarwatt explique : "Un configurateur oblige l'installateur à se poser les bonnes questions pour proposer une solution adaptée". Car la firme allemande propose un modèle supérieur, MR 800, d'une capacité de 8,8 kWh, destiné à stocker la production de centrales solaires de 9 kWc environ. Et ce modèle est modulaire, tout comme le Powerpack de Tesla, lui-même destiné au petit collectif ou aux bâtiments tertiaires. A l'autre extrémité, Solarwatt a déjà écoulé, principalement outre-Rhin, 2.000 unités d'un système de stockage plus réduit, de 2,2 kWh de capacité, qui ne couvre qu'en partie la demande d'autoconsommation d'une maison. Sylvia Lamaty espère que 200 systèmes MR 500 seront vendus en France en 2017, au prix unitaire d'environ 6.000 € (hors pose). La société privilégie un réseau d'installateurs formés, dont 40 ont déjà suivi la formation maison.

Côté durée de vie, les trois fabricants proposent une garantie de 10 ans sur les batteries, qui doivent être recyclables. Une période largement suffisante pour rentabiliser l'ensemble, à en croire la directrice générale de Solarwatt France : "La rentabilité sera rapide si les mesures d'encouragement à l'autoconsommation sont prises". Elle conclut : "La France est un marché très réglementé : nous attendons avec impatience le texte sur l'autoconsommation. Nous sommes dans les starting-blocks mais, pour l'heure, les conditions du marché ne sont pas encore clairement définies". Il est donc urgent d'attendre avant de se lancer dans cet investissement qui reste pour l'instant, l'apanage de quelques "early adopters". La preuve, le Powerwall 2 de Tesla, qui ne sera livré qu'à l'été 2017, est en pré-commande contre un chèque d'acompte de 450 €… Alors, le stockage d'électricité, phénomène de mode ou futur de la consommation ?

Source Batiactu par Grégoire Noble

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