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12/01/2018

La 150e cuisson de la briqueterie du Pic à Saint-Palais

Voilà plus de dix ans que la briqueterie de Saint-Palais manipule à nouveau la terre cuite. Samedi, la 150e cuisson était exceptionnellement ouverte au public.
Trois jours intenses de cuisson à surveiller. Trois jours à se relayer, à noter l’évolution des températures du four jusqu’à 1.200°, à alimenter en bois de palettes (*) le feu qui illumine l’usine.

Céline note les températures pendant que Cyril alimente le foyer en bois de palettes.

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À la briqueterie du Pic à Saint-Palais, la dernière qui existe dans le Cher, la cuisson des briques et autres carreaux de terre cuite est toujours un évènement, stressant, épuisant, fascinant, qui revient deux fois par mois, pour Céline et Cyril Desmoulières. Surtout depuis qu’ils ont connu un incendie qui avait brûlé le fond du hangar en 2013.

Miss Grandger
Mais la cuisson qui a eu lieu de jeudi à samedi l’était encore plus, puisqu’il s’agissait du 150e allumage de l’un des deux fours faits maison, « Miss Grandger ». Un petit surnom qu’il n’était pas sorcier de trouver pour leurs enfants, en référence à Hermione Granger de Harry Potter.

Eux aussi connaissent par cœur chaque recoin de l’usine familiale qui a retrouvé une activité en 2006 grâce à l’investissement de leurs parents. L’emplacement où se trouve le coupeur de briques, la seule machine qu’il reste du grand-père. Le lieu où est stockée l’argile, extraite dans la carrière d’à côté, deux semaines dans l’année. Ou encore, l’endroit exact où on peut voir briller, par la petite trappe, les flammes lécher les 9m3 de pièces enfournées.

Ce week-end, les proches, les clients, particuliers ou professionnels, ont eu le droit de vivre avec eux cette étape cruciale dans la vie de l’entreprise familiale. Ils ont même pu découvrir quelques secrets de fabrication qui font la réputation des briques dans la région, et au-delà. « On joue sur le tirage du four, on utilise différentes grosseurs de bois, et on alimente en granulés pour gagner du temps sur la cuisson », donne en exemple Céline.

Une des plus grandes usines d’Europe
La cuisson au bois est toujours « longue et pénible », mais la récompense sera là pour le couple, après trois jours d’attente pour le refroidissement des pièces. « Le produit a des coloris et une qualité inégalables. On est fiers. »
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De quoi honorer le travail des salariés (jusqu’à soixante) qui ont œuvré dur sur ce même site, depuis 1828, au point d’en faire une des briqueteries les plus grandes d’Europe. Aujourd’hui, ils ne sont plus que deux, mais ils gardent le savoir-faire.

(*) Récupérés auprès des charpentiers locaux.

Le saviez-vous ?
- Seules certaines briques sont marquées « Desmoulières ». Selon le duo d’entrepreneurs, « on n’est qu’une quinzaine en France à proposer ce type de terre cuite artisanale faite à partir d’une argile riche. » Ils sont sollicités aussi pour des tomettes, des parements, des briques crues. Ils seront au Salon de l’habitat de Bourges du 19 au 22 janvier.
- L’enfournement se fait manuellement dans l’usine. Juste à côté, le bois de palettes qui est jeté dans les flammes. Au-dessus du four, la machine qui distribue les granulés. À l’extérieur de l’usine, une fumée rouge apparaît…
- Trois jours, trois étapes. À travers la trappe du four en activité, samedi, on pouvait apercevoir les briques, empilées comme un château de cartes, rougies par la cuisson. Celle-ci se déroule en trois étapes. Le premier jour, le bassinage consiste à préchauffer le four à 50° afin d’enlever l’humidité et répartir la chaleur de manière uniforme. Le deuxième jour, la température monte progressivement jusqu’à 300 ° et les portes du four sont fermées à 23 heures. Le troisième jour, le four est rouvert à 4 heures du matin pour une montée en puissance du feu jusqu’à 1.200 °, jusqu’à 21 heures. Il faut encore trois jours pour refroidir les terres cuites.
- Un duo, un défi. Cyril a exploité ses compétences en mécanique, et Céline ses talents en céramique (elle garde un atelier sur place), pour faire renaître l’entreprise qui avait cessé son activité en 1998. Avant d’ouvrir en 2006, le couple a racheté la briqueterie, la carrière à 600 mètres, investi dans des machines, et s’est renseigné sur le savoir-faire : concassage, affinage, malaxage, séchage… « On a toujours cru que ça fonctionnerait ».

Source Le Berry par Christelle MARILLEAU

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