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03/03/2018

Solargil : histoire du rétablissement d'une entreprise de Puisaye

Solargil : histoire du rétablissement d'une entreprise de Puisaye Fondée en 1986 par Louis-Éric Solano, Solargil est aujourd’hui dirigée par son fils Alain.

Il y a encore peu de temps, Solargil était dans une situation précaire. L'entreprise spécialisée dans l’extraction des argiles et des ocres de Puisaye, ainsi que dans la conception, la fabrication et la distribution de matériels en lien avec la céramique, a résisté à un plan de sauvegarde et cherche aujourd'hui à relocaliser une partie de la fabrication de fours sur ses terres, à Moutiers-en-Puisaye.
Côte à côte, au lieu-dit La Bâtisse, à Moutiers-en-Puisaye. L’entreprise Solargil, créée en 1986 par Marie-Laure et Louis-Éric Solano, a grandi tout près de l’atelier de poterie de la famille Cagnat-Solano. Un lien familial, historique et géologique.
La société, labélisée Entreprise du patrimoine vivant, extrait les argiles et les ocres de Puisaye à Saint-Amand (Nièvre), puis les prépare et les transforme à Moutiers. Elle produit des grès de Puisaye, bien sûr, mais aussi des grès blancs fins, noirs, rouges, des terres pour le raku, des pâtes pour la faïence ou pour la porcelaine, des émaux de toutes sortes : opaques, transparents, à effet, etc.

Vendus en France  comme à l’étranger

En plus des matériaux, l’entreprise distribue et conçoit des outils, du matériel et des fours, pour les particuliers, les professionnels et les industriels. Ses produits sont vendus en France comme à l’étranger, en direct et chez des revendeurs. Par exemple, en France, chez Cultura, Dalbe, Majuscule ou encore Pichon (fournitures scolaires).

Pour les industriels, Solargil conçoit, réalise et installe « des systèmes de cuisson de 80 °C à 1.400 °C ». Dans des secteurs variés : les fonderies avec des fours spécifiques (Barthelemy Art, FAP, Microsteel), le quartz avec des fours de laboratoire (Corning, Photonis, Thales), ou la céramique technique pour l’industrie pharmaceutique.

Les fours sont la spécialité d’Alain Solano, fils de Louis-Éric et P-DG de la société. « Notre expertise repose sur une expérience unique de la haute température acquise depuis plus de trente ans dans l’univers de la céramique », insiste-t-il. Cette activité représente, aujourd’hui, environ 20 % du chiffre d’affaires de Solargil. Certains de ces fours sont fabriqués depuis sept ans par un sous-traitant, à Barcelone. Mais cela ne devrait pas durer.

Raccourcir  les délais, sécuriser  la recherche et récupérer  de la marge

« Nous allons ré-internaliser une partie de la production qui se fait actuellement en Espagne, notamment les fours céramique pour le secteur industriel, les tours céramique et les cabines d’émaillage. Le tout-venant des fours va continuer à être produit en Espagne », annonce Alain Solano.

Cette relocalisation est motivée par plusieurs critères. « Nous voulons raccourcir les délais, sécuriser notre recherche & développement et récupérer de la marge?; nous pensons pouvoir en récupérer 30 % », indique le P-DG.

Pour fabriquer les fours à Moutiers, l’entreprise aura besoin de s’agrandir (300 m² environ) et d’embaucher (3 à 4 personnes), « d’ici deux ans maximum ». L’investissement est évalué à 250.000 €, une somme conséquente. Mais Alain Solano est confiant : « Nous avons la technologie, le savoir-faire, et la demande augmente. »

Et pourtant, il n’y a pas si longtemps, Solargil était dans une situation précaire. « En 2008, nous avons rencontré des difficultés avec un administrateur, basé en Espagne, raconte Louis-Éric Solano. Il nous a attaqués au tribunal de grande instance d’Auxerre et a gagné, sans que nous ayons la possibilité de faire appel de la décision. Nous sommes donc allés au tribunal de commerce pour demander une procédure de sauvegarde. Ça a tout gelé, tous nos investissements, durant plusieurs années. »

Des collectivités et des institutions se sont mêlées au dossier. Sans résultat. Solargil s’est rétablie seule, ou presque. « Nous avons fait appel à nos fonds propres et nous avons réussi à renégocier notre dette auprès des banques. La CCI nous a fait bénéficier de ses réseaux. Finalement, nous sommes sortis du plan de sauvegarde au printemps dernier. »

Nouveau marché

Durant cette période, au prix d’une gestion rigoureuse, Solargil a maintenu son chiffre d’affaires et a « toujours été bénéficiaire ». Dès la fin du plan de sauvegarde, l’entreprise a pu concrétiser des projets et en lancer d’autres. Elle vient de décrocher un nouveau marché, plutôt original et prometteur, avec la Compagnie des vétérinaires : une argile très blanche, autodurcissante, pour les empreintes d’animaux. « Nous avons livré une première commande de 5.000 pièces, qui a été vendue en 24 heures avant Noël, indique Louis-Éric Solano. Nous allons bientôt expédier une commande de 10.000 pièces. »

« Le cœur de métier, la production de terres et d’ocre, existe toujours. Mais la concurrence étrangère est forte et le marché s’est rétréci. Nous essayons donc de trouver des marchés de niche, avec une certaine technicité. Nous avons l’avantage d’avoir nos matières premières, d’avoir une force de production, et d’être des techniciens. »

Source L'Yonne Républicaine par Olivier Richard

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